Pointe du Blair

    
Le futur port, que voulait créer le Comte Arthur Dillon en 1905, aurait été le plus profond de tous les ports français de l'Atlantique. 

Il aurait pu accueillir en tout temps les navires aux plus grands tirants d'eau de l'époque. 


Le comte Dillon propose, par une pétition du 25 mars 1905, un projet très vaste : 1 quai de 450 mètres de longueur, au pied duquel on aurait disposé de profondeurs d'eau de 10 mètres aux plus basses mers, suffisantes pour permettre l'accès des navires aux plus forts tirants d'eau ; le quai aurait été relié à la péninsule par une jetée et raccordé au chemin de fer de Lorient à Redon par un embranchement de 12 kms.

Le projet suscita le soutien de nombreuses autorités locales, mais se heurta aux doutes du Ministère des Travaux Publics. 

Une Autorisation d'Occupation Temporaire (AOT) de 40 hectares du domaine maritime fut cependant accordée au Comte Dillon en 1906. 

Une jetée de 114 mètres de long fut construite à ses frais de 1907 à 1909.
  
Les travaux furent interrompus, faute d'une décision officielle engageant la construction d'une voie ferrée de raccordement. 

Pendant la guerre de 1914/1918 le projet s'assoupit, mis à part un réveil éphémère en 1917/1918 : l'Etat-Major américain s'intéressa lui aussi à créer un port en eau profonde dans la même zone. 

Une mission hydrographique de la Marine Française (H. Roussilhe) proposa une implantation en aval de la Pointe du Blair. L'idée n'eut pas de suite.

En 1920 le fils du Comte Dillon, Pierre (1868-1952), officier de cavalerie (il commanda un temps le Cadre Noir de Saumur), prit les choses en main. Il fonda la société anonyme du Port du Blair, qui demanda la concession d'un port de 120 hectares. 

Les obstacles s'accumulèrent, suscités par Paris. Faute de mieux Pierre Dillon modifia le projet.

Il obtint en 1923 une AOT de 9 hectares dans une zone maritime s'étendant du gregan aux 7 Iles, c'est-à-dire en bordure du chenal conduisant à la Pointe du Blair. Il pouvait mouiller à demeure le long des fonds de 10 mètres de grands navires entrepôts qui auraient servi de magasins flottants au trafic maritime international.

Pierre Dillon voulait démontrer par cette expérience concrète que la construction d'un port en eau profonde en ces endroits était justifiée. 

Le financement nécessaire à l'achat et au stationnement des navires entrepôts ne fut pas trouvé et le projet fut abandonné vers 1924. 

Le Port du Blair avait vécu.

Aujourd'hui subsiste une jetée de 88 mètres à laquelle s'adosse un vaste terre-plein. 



Une maison en ruine se dresse à son extrémité appelée l'hôtel des courants d'air

Sa construction avait débuté le 4 octobre 1907 et était destinée probablement à abriter les premiers services du futur port, aux dépens de la maison des douaniers progressivement détruite.

Le Comte Arthur Dillon (1834-1922) était de vieille souche irlandaise. Ancien de St Cyr (1854-1856), il fut d'abord officier de carrière dans la cavalerie.

Marié en 1866 à Albertine Stucklé, fille d'un riche homme d'affaires d'origine wurtembergeoise, il jouissait d'une grande fortune. 

Il en dépensa une partie à soutenir, de 1866 à 1889, les campagnes électorales du Général Boulanger dont il était le camarade de promotion de St Cyr et l'ami.

Exilé et condamné en 1889 pour sa participation jugée séditieuse, il fut amnistié en 1895. Il engloutit le reste de sa fortune dans diverses entreprises successives : une compagnie de câble transatlantique, des acquisitions foncières et de constructions dans le Golfe du Morbihan, et le port de la Pointe du Blair.